Forum du Stress au Travail

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M. Sarkozy et le stress des Français

Le 25 janvier sur TF1, M. Sarkozy répondait aux questions de 11 personnes représentatives de la population française.

 

Sur la question des salaires démesurés de certains grands patrons, il a défendu les idées officielles, affirmant en substance « ce qui me choque, ce ne sont pas les salaires en eux-mêmes, mais les gros salaires qui ne récompensent pas des responsabilités équivalentes ».

 

A-t-il eu raison, est-ce suffisant comme explication ?

 

A-t-il eu raison de citer les salaires mirobolants des footballeurs, et d'apostropher Laurence Ferrari par une allusion à son salaire à elle ?

 

Sur la forme, en arriver à ce type d'explication est le signe d'un évident malaise : face à une journaliste qui ne lui était pas franchement hostile, il aurait pu au moins adoucir le trait. Quant à pointer du doigt le salaire des footballeurs, ce n'est pas forcément très populaire...

 

Sur le fond, utiliser la technique du bouc émissaire n'est qu'une diversion qui ne donne aucune justification véritable à des salaires démesurés. « Je préfère un bon patron bien payé, qu'un mauvais patron mal payé » est-ce suffisant comme explication ?

 

Par quel principe philosophique peut-on justifier un salaire de plus d'un million d'euros ? Voilà la vraie question.

 

Que peut faire un humain d'un salaire pareil ? Une fois qu'il a payé ses impôts, entretenu sa famille, mis de l'argent de côté pour la protéger des aléas de la vie, une fois qu'il a pris des vacances bien méritées et qu'il a fait profiter ses proches du confort qu'il est bien en droit de leur apporter, que fait-il des centaines de milliers d'euros qui restent ?

 

On ne doute pas une seconde que certains patrons travaillent plus que d'autres, ont plus d'idées que d'autres et peuvent gagner plus, dans d'autres entreprises. Mais travaille-t-on uniquement pour l'argent ?

 

La question n'est pas d'ordre économique mais seulement d'ordre éthique : Nos élites ont-elles pris conscience que les classes moyennes souffrent de plus en plus ? Se sentent-elles solidaires de la nation ? Ou sont-elles soucieuses uniquement de leur confort personnel ? Sont-elles tombées dans une sorte d'addiction au grand luxe ?

 

Si nos grands patrons (et nos footballeurs) avaient coutume de venir massivement en aide à leurs concitoyens, on pourrait à la rigueur considérer que leur salaire élevé leur offre le moyen qu'ils méritent, pour orienter le pouvoir de l'argent dans le bon sens. Mais on est loin de cette vision idylique. Car nos élites semblent plus souvent prêtes à travailler au plus offrant, sans se soucier des valeurs éthiques.

 

A ces patrons qui gagnent infiniment plus qu'un président de la République, et qui ne travaillent que pour l'argent, il eut été facile de répondre : « Il n'y a pas que l'argent qui compte et j'en suis la preuve vivante, comme d'ailleurs tous les présidents qui m'ont précédé et qui auraient pu gagner bien plus ailleurs ». Cette réponse aurait été crédible, venant de celui qui se pose en garant de la solidarité nationale.

 

Au-delà des questions sur l'argent des patrons, le stress des Français porte sur la question de savoir si on peut encore faire confiance à nos élites, ou si elles sont prises d'une addiction au grand luxe et d'une frénésie à l'argent facile.

 

Les classes moyennes ont le sentiment d'être abandonnées par leurs élites, et il faudra bien un jour répondre à cette question. Comme vous l'avez compris, mon propos ici n'est pas de critiquer Nicolas Sarkozy : il est simplement navrant de constater que la classe politique, et plus généralement nos élites autoproclamées sur le seul critère de l'argent, soient si éloignées des préoccupations des Français.

 

L'animateur du forum



26/01/2010

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